De la perversité en politique

J'ai lu les journaux Français ce matin dans le train et c'est à partir du train que j'écris en ce moment. Une envie irrésistible de commenter l'actualité politique en France, que la compagnie Canadienne de trains, tous équipés maintenant de Wifi, m'en offre la possibilité.

Tout d'abord, l'analyse politique dans le journal Le Monde que Daniel Vernet fait de la proposition de Nicolas Sarkozy pour une 'Union Méditterrannéenne', Le Monde qui me semble retrouver peu à peu ses esprits et sa vitalité après le départ de JMC. Vernet n'hésite pas à l'appeler 'une chimère'. Arrivant en Algérie avec son attitude néocolonialiste et son refus de la repentance, Sarkozy met sur la table une carotte pour les pays sous-développés de la Méditterrannée; un espace commun avec les pays Européens. Par cette offre 'généreuse', Sarkozy espère se débarrasser une fois pour toutes de la question de l'intégration de la Turquie à l'union Européenne, intégration à laquelle il est fortement opposé pour des raisons idéologiques. L'union de la Méditterrannée' n'est en définitive qu'un expédient, de l''amitié' sans traité d'amitié.

Dans le même journal, les affaires du nouveau président Français roulent comme prévu. Le nettoyage politique à droite comme à gauche est en marche. Alors que l'appui de Sarkozy à la possible nomination de Dominique Strauss Kahn à la tête du FMI relève d'une volonté politique de laminage de la gauche, les perquisitions à répétition chez Villepin relèvent de la volonté politique de Sarkozy de laminer la droite, ou plutôt la vieille droite, celle qui l'a élu. L'infortune de Juppé n'est pas accidentelle, et celle récente de Boutin sur l'affaire du 11 septembre non plus. Sarkozy veut aller vite, il veut nettoyer tout l'espace politique autour de lui pour ne garder que les soumis.

Mais attention, soumission ne veut pas dire fidélité. Sarkozy n'est pas un homme qui suscite des fidélités comme François Mitterrand, à commencer par sa femme...

Et pour mettre cette actualité en perspective je vous relate une petite conversation que j'ai eue hier avec un juif Français. Je le rencontre chez des amis pour la première fois. Il me parle tout de suite de Sarkozy. 'Admirable', 'Coup de génie', me dit-il de la nomination de la Sarkozette Rachida Dati et de Fadela Amara. Mais 'J'ai voté Ségolène' me précise-t-il. Je ne le crois pas une seconde. Tous ceux qui font l'éloge de Sarkozy et précisent qu'ils ont voté pour Ségolène ont en fait honte d'avoir voté pour Sarkozy, beaucoup de juifs anciens gauchistes font partie de cette catgorie à cause du support inconditionnel de Sarkozy pour Israel.

Je dis alors à ce monsieur: Je ne suis pas d'accord avec vous, ce n'est pas de l'habileté, c'est de la perversité en Politique. Nommer une femme de l'immigration comme ministre de la justice pour défendre des lois qui criminalisent les mineurs récidivistes, tout en sachant que ces lois vont s'appliquer majoritairement sur les immigrants qui protestent contre les politiques de Sarkozy et son mépris pour eux, c'est pervers. J'imagine que Sarkozy doit prendre plaisir à voir Dati accomplir son dessein à lui. Nommer une femme présidente de 'ni putes ni soumises' comme secrétaire d'état d'une ministre ultracatholique, c'est annuler les deux tout en faisant semblant de leur donner de l'importance.

Avec Sarkozy, la perversité revient en Politique. Mais pour la première fois en France, et l'une des rares fois dans le monde, elle fait partie du 'processus démocratique' adroitement 'géré' par les média vendus à Sarkozy. Elle utilise la rhétorique pour flatter avant de persuader. Elle n'est pas censée résoudre des problèmes, elle est censée les annuler par un coup de baguette magique. En soignant les égos, elle centre les préoccupations de la Politique sur les Soi siliconés de la Politique, y compris celui de Sarkozy, en les décentrant par rapport au réel. Ces égos enflés et ces Soi siliconés seront naturellement aussi coupables que Sarkozy dans l'effritement du tissu social et du champ politique que Sarkozy prépare pour la France. Le réveil sera dur mes amis...