14.5.07

CSA, Le Monde, Vincent Bolloré et les vacances controversées de Sarkozy


Le futur président de la république française, aussitôt les résultats annoncés le 6 mai au soir, a plongé dans les symboles d'opulence de la république. Du Fouquet's au yacht de son ami Vincent Bolloré, l'une des premières fortunes de France et du monde, la rupture fut rapide et brutale. Son attitude a causé une controverse et il n'a pas voulu s'excuser. Jamais auparavant un politicien Français n'a autant affiché une telle proximité avec les pouvoirs de l'argent. Non pas que les Français n'aiment pas l'argent, mais ils y ont un rapport particulier. Ils peuvent en avoir mais c'est de mauvais goût de l'afficher. Leurs politiciens font leurs études dans les écoles et les universités d'élite de la république, leurs carrières au service de l'état, lequel, on le sait, même s'il paie bien son élite, ne permet pas de construire des fortunes. Les politiciens Français sont, contrairement à leurs homologues américains, modestes dans leur mode de vie et modestes dans leurs fortunes personnelles. Leur gratification vient des honneurs qui leurs sont dévolus par la républqiue et son peuple. Or il semble que Nicolas Sarkozy veuille changer tout cela. Non seulement il s'affiche avec les milliardaires, attitude tout de même entamée par Chirac mais avec discrétion, balayant d'un coup de main le tabou des inégalités hérité de la révolution française, mais il rejette aussi les acquis sociaux de mai 68 et son esprit de rebellion individualiste contre les contraintes sociales et communautaires.

Nicolas sarkozy, le petit aristocrate hongrois de souche, a commencé son mandat sous le signe de la démolition de ce qu'il y a de plus cher aux français et de ce qui constitue le socle de leur identité. Mais comme il va les déposséder de leur identité, il faudra bien qu'il leur en trouve une autre. Il leur promet un ministère de l'identité nationale et de l'immigration. Le message étant que, dorénavant, l'identité se définira, non de l'intérieur sur ce que les français ont bâti ensemble, mais par rapport à l'autre, celui qui vient de l'extérieur. En faisant, Sarkozy détournera l'attention des français de ce qu'ils sont en train de perdre de l'intérieur en la focalisant sur une menace extérieure, l'immigration. En liant les deux mots et les deux problèmes dans un seul ministère, Sarkozy brouille les cartes dans les esprits en désignant un responsable du malaise qu'il est en train de fabriquer pour les français; l'immigration.

Car malaise il y en aura. On ne dépouille pas un peuple de son identité et de son héritage par une décision électorale sans créer un malaise et même une révolte. Dans son entreprise de démolition Sarkozy sera aidé non seulement par le ministère de l'identité nationale et de l'immigration mais aussi par les médias contrôlés par les groupes financiers qui auront à profiter de cette chute des barrières culturelles dans la société française. Sarkozy est-il allé passer trois jours avec sa famille sur le yacht de Bolloré dans un voyage au coût exhorbitant de 200000 Euros? Qu'à cela ne tienne, l'institut CSA, détenu par Bolloré publie le 9 mai, alors que sarkozy n'est même pas encore rentré en France, les résultats d'un sondage donnant 65% des français non émus de cet écart de la part de leur futur président. Le journal Direct Matin, cofondé par Bolloré et le Monde, relate le séjour de sarkozy sous le signe de la retraite active et studieuse, narration destinée à détourner l'attention du lecteur du véritable événement et la focaliser sur la tâche présidentielle. Enfin, Le Monde, ardent défenseur de sarkozy tout au long de la campagne, se fend aussi d'un sondage 'non scientifique' publié sur son site auprès de ses lecteurs.

Chose bizarre, le Monde ferme le sondage le 10 mai (voir photo ci-dessus), alors que Sarkozy est à peine retourné de ses vacances luxueuses, sur un chiffre d'opinion positif pour Sarkozy, et alors que le Monde n'est pas soumis aux mêmes contraintes de nombre de participants comme les instituts de sondage. le Monde aurait-il eu peur de ses lecteurs ? En tout cas il n'a pas eu peur de publier une petite remontrance entre amis de la part du pseudo-philosophe Alain Finkielkraut qui défend Sarkozy sur les questions sociales et coloniales (comme la non repentance) mais qui ne semble pas à l'aise avec lui sur les questions financières et le nouveau rapport à l'argent.

M. Finkielkraut n'a encore rien compris. Les politiques sociales et coloniales de Sarkozy vont de pair avec une attitude belliqueuse signant la fin des solidarités et le début des affrontements. La fin des solidarités du blanc avec le noir, l'arabe, et le juif, avec les pays sous-développés et entre ceux qui ont de l'argent et ceux qui n'en ont pas. Cette fin des solidarités ne sert qu'à une seule chose, faciliter le chemin pour le capital triomphant, agressif et inhumain. Le très gros capital comme celui des amis de M. Sarkozy. C'est aussi le début des affrontements entre une France qui a de l'argent et une France qui n'en a pas. Et pour dissimuler ces affrontements sous-jacents on désigne l'immigré comme le bouc émissaire de ce malaise interne. L'Amérique de Bush a fait la même chose sauf que dans l'Amérique de Bush il n'est pas aisé de désigner l'immigré comme bouc émissaire car cette Amérique est composée essentiellement d'immigrés. Alors l'Amérique de Bush a désigné des boucs émissaires en Irak, en Afghanistan, en Iran et dans l'axe du mal'.

Finkielkraut n'en est pas à sa première contradiction, il attaque le communautarisme et défend Sarkozy, il attaque l'argent et défend Sarkozy. Que chacun qui appuie Sarkozy se pose la question: pourquoi ? Car après, je ne voudrais pas entendre les mea culpa et les 'je ne savais pas'. Le temps du questionnement et de l'autoévaluation est venu. On est avec Sarkozy ou on ne l'est pas...

Dans toutes ces contradictions, Sarkozy risque de faire son chemin tout de même car son succès se nourrira autant de ses mauvaises actions que de notre indignation. Que vogue la galère !

P.S: Je crois que nos meilleures armes contre cet état des choses qui nous est imposé seront l'ironie, l'humour et et la satire. Quand 53 % des français sont en arrêt momentané de raison, il faut leur parler autrement qu'avec les mots de la raison. Thomas Guénolé m'a envoyé cette excellente animation pleine d'humour autour des vacances de Sarkozy, construite autour du thème 'La croisière s'amuse' (The Love Boat).

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